le courage de Schneidermann et les remugles du passé

Lu un post de Daniel Schneidermann ici http://www.bigbangblog.net/article.php3?id_article=608 et je salue le courage de ce journaliste à évoquer tous les sujets qui fâchent aujourd'hui Nicolas Sarkozy et la manière plus ou moins musclée dont il entend museler ses adversaires politiques. On n'entend pas beaucoup de voix, aujourd'hui, qui osent aller contre l'air du temps.
L'honnêteté me pousse à dire : hier non plus.

Les deux mandats Mitterrand, souvenez-vous-en, ont brillé par leur opacité absolue : par quels moyens le président d'alors avaient-il pu cacher l'existence de sa fille Mazarine et quel a été le sort de ceux qui ont été tentés de parler (Jean-Edern Hallier, par exemple); comment oublier les affaires et les cadavres qui ont jonché ses mandats: Pierre Bérégovoy, Patrice Pelat, François de Grossouvre??

La série peut ne pas s'arrêter ou alors il y faudrait des journalistes à l'égal de Daniel Schneidermann pour dénoncer toutes les exactions, tous les abus. Un(e) prétendant(e) à la présidence même devenu(e) président(e) serait obligé(e) de moraliser son comportement si 50 ou 100 journalistes le (la) guettaient, exerçaient à bon escient leur liberté chérie.

Je ne suis pas une fan de Nicolas Sarkozy, pas plus que de Ségolène Royal d'ailleurs. J'ai dit hier, ici même, tout le mal que je pensais des 35h et encore n'ai-je pas tout dit. J'ai parlé du désarroi des cadres plongés dans les 35h, je n'ai pas eu le temps d'évoquer la place des salariés non cadres dans ce dispositif. Il leur faut désormais faire en 35h (parfois avec une pointeuse à l'appui) ce qu'ils accomplissaient avec 4h de plus. Il leur faut désormais décrocher le téléphone de la collègue en RTT, dont le téléphone sonne dans le vide; travailler à la place des collègues parties en congé maternité et non remplacées; des salariés partis en retraite et dont le poste reste vacant. Car les patrons n'ont pas créé de nouveaux postes, tout simplement parce que les salariés, pendant leurs journées RTT, n'ont pas dépensé plus (où auraient-ils donc pris l'argent pour le faire?) et n'ont pas généré plus de croissance. Et aujourd'hui, nous en sommes là.

A la veille de cette élection présidentielle, je rêve d'une France qui ne serait pas gouvernée par un seul parti; dont le dirigeant serait flanqué d'un contre-pouvoir à l'image du shadow cabinet britannique et dont les dirigeants se mettraient au travail. Oui, vous avez bien lu: ce sont nos dirigeants qui doivent aujourd'hui se mettre au travail et pas seulement "les Français".