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mariedéblog
28 avril 2007

plus (+) de repai(è)res?

Pensant m'éloigner des "fracas de la campagne" et me rapprocher de mes préoccupations professionnelles,  j'ai fait un tour dans quelques villes de province. Premier constat, et qui m'étonne à peine, on n'y parle..que de la campagne présidentielle et, singulièrement de François Bayrou. A croire qu'en perdant son accès au 2ème tour, le candidat centriste a durablement changé la donne politique et la manière dont nous en parlons , au point d'occuper, au 2ème tour, une place au moins égale à celles des candidats "sélectionnés". J'ai encore suivi tout à l'heure son débat avec Ségolène Royal sur BFM télé: je n'y ai pas entendu de grandes révélations mais je constate à mon tour qu'aucun homme, aucune femme politique ne fera plus de politique en France "comme avant". Pourtant Bayrou n'a pas innové; comme Jean Lecanuet, en 1965, il est arrivé "bon" 3ème...mais il continue sur sa lancée et, surtout, il contraint Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy à se "déboutonner". Voilà ce qui me frappe dans cette campagne.

Mais je vous disais que j'étais partie pour une tournée de mes clients, hors de Paris. Et là, le constat est sans appel: est-ce l'effet campagne présidentielle? est-ce le beau temps persistant? Est-ce l'internet ou que sais-je? Toujours est-il que les clients ont déserté les librairies en ce mois d'avril. La tendance était déjà en forte baisse depuis le début de l'année et le mouvement s'est brutalement emballé: dans les librairies, les rayons sont pleins mais les allées sont vides. Les libraires, dont certains éprouvent déjà de véritables difficultés de trésorerie, sont confrontés à un dilemne cruel: retourner massivement les livres aux éditeurs, au risque de dégarnir leurs rayons et de ne plus rien avoir à vendre en cas de retour en grâce, ou payer des ouvrages qui ne se vendent pas. Malgré tout, les libraires gardent une particularité extraordinaire en refusant de traiter les livres comme de la vulgaire marchandise. Extraordinaires vraiment nos libraires qui veulent "donner leur chance" aux livres coup de coeur tout en restant très attentifs à l'évolution de leurs stocks. Extraordinaires dans leurs volontés, presque toujours affichées, de garder le contact avec les éditeurs, via le repré; de ne pas céder à la panique, en attendant des jours meilleurs.

J'ai découvert une chaîne de librairies "Cultura". Cette chaîne a poussé comme un champignon, en peu d'années, en périphérie des grandes agglomérations. Une librairie Cultura ressemble à s'y méprendre à un supermarché Auchan et on serait tenté, par un de ces raccourcis si commodes dans la vie, de les qualifier de "grande distrib" avec tout le mépris et la dureté que cela implique. Eh bien non, détrompons-nous car les libraires de Cultura sont des  libraires "à l'ancienne"(?) dans leur modernité , donnant leurs chances à tous les éditeurs, y compris "petits", soignant l'accueil de leurs clients; prenant des commandes "particulières" comme un petit libraire de quartier. Je suivrai avec attention l'évolution du concept car je suis de ceux qui pensent que la librairie "brick and mortar" a de l'avenir; que non, nous n'achèterons pas tout sur internet sans écouter le conseil avisé d'un libraire, sans prendre le temps de bavarder à la caisse; que oui, le sens du client a du sens et les clients ne s'y tromperont pas; que oui, le choix, le merchandising favorisent l'achat d'impulsion; que, oui, il fait bon planer dans les boutiques et, oui, pourquoi pas le dimanche avec son cabas de légumes et sa baguette sous le bras?

Justement, les 35h avaient, au moment de leur "imposition", entraîné une explosion des ventes dans les librairies, les jardineries et autres commerces de loisir. Et puis l'effondrement. Pourquoi? J'ai moi-même pratiqué les 35h "de près" comme cadre salariée d'abord, comme chef d'entreprise depuis. N'en déplaise à Ségolène Royal, les 35h ont foutu la pagaille jusque dans l'essence même de l'entreprise. Pourquoi? Parce que ce concept a la particularité sournoise de chambouler la hiérarchie, de dénaturer le rapport au travail même. Ainsi quand les 35h ont été votées, les cadres se sont retrouvés tout d'un coup privés de leurs pouvoirs d'organiser le travail. Ce sont les directions de Ressources humaines, en concertation plus ou moins étroite avec les syndicats, qui ont édicté les nouveaux horaires, les temps de pause etc...Les cadres ont été ensuite confrontés à un autre dilemne: devaient-ils, à leur tour, profiter des 35h, au risque d'accepter de plus être incontournables, voire irremplaçables? Que se passerait-il si, pendant leurs RTT, un événement important se produisait? Qui prendrait les décisions adéquates et, si ce n'étaient plus eux, à quoi serviraient-ils donc encore?? j'en ai connu, des cadres, qui donnaient leur numéro de portable "perso" à leurs collaborateurs en disant:"Et surtout t'hésite pas !".

Je m'aperçois que je suis bien longue aujourd'hui, comme si, pendant cette semaine d'absence, j'ai tout gardé bien en tête pour vous l'écrire. Et encore, je ne vous ai pas tout dit sur mon vécu des 35h. Et si je ne vous dis pas tout, où le lirez-vous ailleurs? Car, aujourd'hui, chef de petite entreprise, je fais 1,5 x35h pour que mes salariés en profitent. Croyez-vous vraiment que je n'ai aucun ressenti quand je les vois partir vendredi à midi?

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