Parler d'autre chose?

Je pourrais vous parler du printemps qui revient, du temps qui passe, des arbres en fleurs, du prochain festival de Cannes, de mon travail, de mes lectures et de mes prochaines vacances. Mais ça ne vous intéressera pas. Assujettie à mon tour à l'Audimat, je vous causerai donc de la prochaine élection présidentielle, bien sûr : pas de Nicolas Sarkozy, ni de François Bayrou, ni de Ségolène Royal, ni des autres candidats. Non, je préfère vous parler du seul inconnu de cette campagne mais qui pourtant, en décidera du sort, en dernier resssort. Je le croise tous les matins en allant prendre ma voiture pour aller au travail, et, surprise, je le retrouve au café où tous les matins, accoudée au comptoir au installée en terrasse au soleil, je m'offre mon café-croissant. A ma grande surprise, je me suis retrouvée nez-à-nez avec lui, ce midi au resto. Il faut dire qu'avec le temps qu'il fait, nous étions nombreux en terrasse et le monde est si petit ! Comme il fait la une des journaux ces derniers jours, je n'ai pas résisté à lui demander pourquoi il ne se décide pas pour qu'on sache une fois pour toutes, à quelle sauce nous serons mangés. Indécis, vraiment?

-Pas indécis, non, je prends des décisions tous les jours: dans ma vie quotidienne, pour l'avenir des enfants et, même, plus bêtement, pour les lieux de vacances. Au travail, j'assume aussi et je donne régulièrement mon avis. Je suis même "force de proposition" comme les patrons les aiment. Non, non, vraiment pas indécis, je dirais même plutôt décidé. Décidé à leur pourrir la vie pour qu'enfin, "ils" me voient, moi Français moyen, payant régulièrement mes impôts (sauf quand je peux les éviter), percevant mes allocs (j'ai 3 enfants et j'ai été pendant 6 mois au chômage, récemment). Je vais vous en dire plus sur moi: je suis marié. Ma femme est une "beurrette" bien qu'elle soit née française (mais son père n'était pas hongrois). Et, si vous voulez tout savoir, je sais pour qui je vais voter dimanche, mais je ne le dirai pas. Car il faudra bien qu'"ils" apprennent à compter avec moi pour compter sur moi et qu'ils entendent ma voix s'ils la veulent absolument. Cette campagne présidentielle est d'un autisme redoutable: on a affaire à des candidats qui se parlent entre eux, se répondent l'un à l'autre, commencent même à s'entendre (car il faut bien préparer les alliances du 2ème tour) mais moi, je suis "peanuts". Alors, j'ai trouvé l'arme redoutable: le silence sur mes intentions de vote. Oh, je ne me fais d'illusions: ils me dorlotent aujourd'hui avant de m'ignorer à nouveau demain. Mais, justement, qu'ils me dorlotent. Qu'ils auscultent mon profil, mes aspirations, mon panier d'achat, mes lectures. L'un(e) d'eux-et je vous dirai pas qui-sera ensuite peinard pour 5 ans!

Comments

[Serge Rivron]

Bonjour Marie,
encore un très bon article, bravo.
Si je pouvais vous écrire un mot en privé, ça serait bien. Rien de salace ni d'envahissant, c'est juré. N'hésitez pas à vous servir de mon lien adresse sur francemoinsj. Si ça vous dit, bien sûr.